LA VIE A DURÉE DÉTERMINÉE
En France, certaines personnes peuvent travailler des années sans se voir jamais proposer un CDI.
Ou ne peuvent avoir d’autre choix que de cumuler plusieurs emplois pour gagner un SMIC.
En France, il arrive qu'à la fin d'une journée de travail en intérim, la mission ne soit pas reconduite le lendemain,et ce, sans préavis.
En France il est fréquent que des travailleurs sans papiers aient à payer des impôts.
Nous les croisons, nous vivons à côté d’eux sans bien connaître leurs conditions d’existence.
Ils sont peu syndiqués, rarement défendus, peu présents dans les médias, plus préoccupés par leur survie que par leurs droits.
Pourtant ils vivent tous l'emploi, l'éducation et le logement précaires, l'endettement et la difficulté de se projeter dans l'avenir.
Plongée dans la France des travailleurs précaires à travers 10 portraits.
Juin - septembre 2012
VICTORIA, 32 ans. Carpentras.
Caissière dans une enseigne de hard discount à Carpentras et mère célibataire, Victoria n’a ni assez de temps ni assez d’argent pour bien s’occuper de son fils de quatre ans.
Cet été, malgré elle, Victoria a été obligée de quitter son poste afin de pouvoir le garder elle-même.
Face à cette situation incohérente, elle a décidé de raconter son histoire.
"Le problème dans la grande distribution, c’est les horaires et le planning. Ca peut changer du jour au lendemain, et même parfois plusieurs fois dans la journée."
"Tous les matins je quitte la maison avec le petit à 8 heures moins 10. Après, je passe près de dix heures sur mon lieu de travail."
"Je reste au magasin toute la journée : pour déjeuner on n’a que 45 minutes de pause... alors je mange là-bas sur le pouce."
"Le soir, je termine à 19h45. Mais je sors une demi-heure plus tard. Après, je vais récupérer le petit. Je m’arrange avec mes amis ou avec ma famille pour s'occuper de lui après l'école."
"Pour pouvoir travailler tranquillement, il faudrait que je prenne une assistante maternelle ou une baby-sitter.
Mais si j’en prenais une, tout mon salaire y passerait."
"Au travail, il faut avoir une vie privée qui s’accorde avec le planning. La vie personnelle vient après. A long terme, c’est usant et je passe à côté de trop de choses."
"Dans une journée je vois mon fils deux heures : le matin, le temps de le lever, de le préparer et de l’amener à l’école. Et le soir, quand je le mets au lit et que je lui raconte une histoire. C’est le seul moment que j’ai vraiment avec lui."
"Un soir, le petit m’a dit: «Maman, j’aime quand t’es malade». Surprise, je lui ai demandé: «Pourquoi ? Tu aimes quand je ne suis pas bien?» «Non, j’aime quand tu es malade parce que comme ça, on est tous les deux»."
HACHIM, 42 ans. Ivry sur Seine.
Ouvrier du bâtiment, Hachim est arrivé en France avec un diplôme d’ingénieur agronome obtenu après cinq ans d’études.
17 ans après, il est père d'une adolescente et n’a toujours pas obtenu de titre de séjour.
Alors qu’il travaille à plein temps - et même parfois plus - il est hébergé chez des amis ici et là ... et n'a toujours pas de logement à lui.
La précarité lui interdit de mener sa vie comme il l'entend.
"Cela fait 17 ans que je ne suis pas allé dans mon pays, au Mali. Actuellement je me sens plus de Paris que de Bamako. Pourtant, je suis en situation irrégulière en France, sans titre de séjour."
"Pour avoir du boulot, on est obligé de mentir, d’emprunter les papiers de quelqu’un et de se faire passer pour cette personne. Le patron se rend toujours compte à un moment que les papiers ne sont pas les bons... alors on passe du CDI au travail au noir."
"Depuis que mon patron sait que je ne suis pas le propriétaire des papiers, c’est comme si mon contrat de travail était tout à coup caduque. Il n’est plus appliqué. Je n’ai plus droit aux vacances. Je ne fais plus 35 heures, mais 40 ou 42."
"Il m’arrive de travailler tout le week-end, et très souvent le samedi pour la même paie, comme si c’était un jour ordinaire. Sans papiers, tu ne vis pas, tu survis."
"J'ai des contraintes énormes pour me soigner et pour me loger. Qui n’a pas de papiers n’a pas de logement. La seule solution est d'être hébergé par des amis."
"Je me prive de me promener dans la rue avec ma fille. Pourtant elle est française. Elle ne supporterait pas de voir son père sans papiers se faire contrôler. Cela serait un choc énorme pour elle."
"Ma fille a connu le Mali l’année dernière. Depuis qu’elle est revenue, elle n'a qu'un envie: y retourner avec moi. Elle nous voit ensemble déjà dans les rues de Bamako. Je ne lui ai jamais caché la réalité... Mais est-elle en mesure de comprendre que son père ne peut pas partir avec elle ? Ça, ça me fait mal tous les jours."
ALAIN, 52 ans. Toulouse.
Alain est maçon et accepte toutes les missions que lui proposent les agences d’intérim de Toulouse.
Pourtant certains patrons le jugent "juste un peu trop vieux" pour l'embaucher, alors le travail se fait rare.
Quand il s'est séparé de sa compagne, il a vécu six mois dans sa voiture.
Depuis il habite dans une caravane sans eau courante, avec ses deux chiens.
Au camping, la location de l’emplacement lui coûte cher et il ne fait qu’un repas par jour.
"On dit que quand le bâtiment va, tout va. Moi, en tant que maçon, je remarque une chose: il n’y a pas de travail. Pourtant, j'accepte tous les emplois qu'on me propose mais je ne travaille qu'en intermittence."
"Souvent mon moral est touché. Le petit salaire qui rentre quand je travaille me permet de vivre... enfin de survivre, plutôt."
"Je ne sais pas ce que va me réserver l’avenir. Dans les agences d'interim, on me dit souvent "Monsieur, désolé, mais vous êtes un peu trop vieux ". Alors je repars très souvent déçu."
"Là où je vis, je suis obligé de sortir pour aller prendre ma douche. J’ai de l’eau dans un jerrycan qui me rappelle un peu le bon vieux temps de ma jeunesse... mais finalement ce n’est vraiment pas pratique."
"Les chefs de chantier voient que je suis très motivé et acharné au travail. Ils sont souvent très contents de moi ! Et ils me le disent... mais malgré tout, ils ont dû arrêter de me faire travailler. Je pense que c’est parce qu’ils auraient été obligés de me faire un CDD ou un CDI."
"Depuis deux jours, j’ai un poste de manÅ“uvre, la preuve que ne refuse pas le travail ! Je me lève entre 3h30 et 4 heures du matin. On démarre à la fraîche parce qu’en plein cagnard ce serait pratiquement impossible."
"Un jour, deux jours, trois jours et puis : « Monsieur on n’a plus besoin de vous, au revoir, fin de mission. » Voilà la vie que je mène, sans avenir. Qu’est-ce qui me reste ?"
XAVIER. 39 ans. La Chapelle sur Oreuse.
Xavier est ouvrier agricole en Bourgogne.
Il vit dans une annexe de l'exploitation avec sa femme et ses deux enfants.
A la belle saison, il ne compte pas ses heures. Le travail est rude. Les animaux et la moisson peuvent le retenir dans les champs jusqu’au milieu de la nuit.
Mais quand ses journées sont moins chargées il en profite pour bricoler.
Récup’, ferraille, troc...tout un tas de petites débrouilles qui l'aident à boucler les fins de mois.
"Je travaille dans une exploitation agricole où je m’occupe du bétail et aussi des terres. Je suis aux 35 heures, mais sur l’année. On travaille bien sûr beaucoup en fonction du climat."
"J’arrive à me débrouiller : je retape des voitures d'occasion. Mes copains savent que je récupère des trucs...pas grand-chose, mais assez pour me faire un petit billet à la fin de l’année."
"Avec ma femme, on se refuse certaines choses parce qu’on n’a pas les moyens ou pas le temps. Mes petites débrouilles m'ont souvent dépannées pour pouvoir manger un peu mieux et améliorer un peu le quotidien."
"J’ai rarement du temps libre, peut-être une semaine de vraies vacances sur l’année. Sinon, le reste du temps, je fais des bricoles à droite, à gauche. Parfois on me dépanne, parfois je dépanne un copain... bref, on s’entraide. Au final ça nous coûte moins cher et chacun s’y retrouve."
"Pour l'instant on a pas les moyens de creuser un puits pour avoir l'eau courante. Alors je récupère l’eau des gouttières dans une cuve... mais on ne peut pas la boire. C'est sûr, ça évite de payer l’eau trop cher, mais c’est aussi une contrainte quand il ne pleut pas assez..."
"Au moment de la moisson, on travaille au maximum. Si on comptait en heures sup’, l’été ce serait trop pour le patron."
MARTIN ET MARIAM, 49 et 44 ans. Orly Ville.
Martin a été régularisé en 2011 après 18 ans de vie clandestine en France.
Cette année on lui a proposé son premier CDI. Bien sûr il l'a signé. Tous les jours, il trie des palettes.
Ce travail lui provoque des troubles musculo-squeletiques, mais il est la seule garantie pour que soit renouvelé son titre de séjour.
Sa femme Mariam fait des ménages. Ses horaires sont pénibles et aléatoires.
Pour ne pas perdre sa carte de séjour, elle accepte cette situation, quitte à peu voir son mari. Et encore moins leurs deux enfants.
"Je me réveille tous les jours à 4 heures du matin ... je réveille aussi les enfants."
"Je fais le même travail depuis dix ans. Si je veux que ma carte de séjour soit renouvelée, je suis obligée de rester au même poste."
"Travailler en horaires décalées, ça m'épuise. En plus je ne dors pas très bien. Les enfants aussi sont fatigués."
"Tous les matins je les réveille dans la nuit et je les prépare pour les emmener chez la nounou, à 5 heures. Heureusement elle habite dans la même cité que nous."
"Je vais à la gare où je prends le train à 5h29 pour aller au métro Liberté, à Charenton: je dois commencer là-bas à 6 heures pile."
"Je travaille de 6 heures à 8h30 puis je vais à Choisy-le-Roi où je travaille de 9 heures à midi."
"Quand je pars de là-bas pour aller à la maison, je peux à peine me reposer: je dois très vite aller chercher les enfants à l’école."
"J’ai passé 17 ans sans papiers. Actuellement, je travaille comme trieur et réparateur de palettes. On fait des va-et-vient toute la journée avec les différentes sortes de palettes et ces mouvements répétés jouent sur les nerfs, surtout le dos."
"Il y a des gestes que le médecin m'a dit de bien respecter, mais comme l’entreprise nous demande de traiter 700 palettes par jour, souvent on n’en tient pas compte. Il faut faire vite pour trier les 700."
"J’ai commencé dans cette entreprise avec cinq collègues Français. Ils ont tous arrêté en disant: «Si tu restes dans ce boulot, tu crèves». Moi j'y suis toujours."
"Je ne vois mes enfants qu’une demi-heure après l'école. Très vite je dois me préparer à partir pour le travail que je fais de 18 heures à 20h30."
"Bien sûr j'aimerais un meilleur travail, mais c’est mon premier CDI... de toute façon, je ne pourrai pas renouveler ma carte de séjour sans un contrat de travail et une fiche de paie."
"Je rentre à la maison à près de 22 heures. Les enfants dorment. On ne passe vraiment pas beaucoup de temps ensemble, sauf le dimanche. Même le samedi je travaille 5 heures."
"Pour obtenir un logement à mon nom, le dossier doit comporter un CDI. Donc je suis obligé d’accepter les conditions de mon boulot même si il est très dur. Souvent, le matin, je marche à quatre pattes parce que j’ai mal partout."
GISÈLE, 61 ans. Angers.
Toute sa vie, Gisèle a travaillé comme comptable.
Elle est aujourd'hui divorcée et retraitée.
Depuis peu, elle a décidé de reprendre une activité salariée à temps partiel.
Ce petit salaire lui permet d’améliorer un peu son quotidien... Gisèle a toujours voulu rester active et indépendante.
"Je suis divorcée. J'ai deux enfants, et trois petits-enfants. Je suis à la retraite, mais j’ai finalement décidé de reprendre un travail : une fois mon loyer réglé, il ne me reste que 250 euros... Même si à mon âge on mange moins, il faut toujours manger un petit peu ! "
"Je travaille à Saumur : 100 kilomètres aller-retour. Je n’ai pas demandé un salaire mirobolant. Pour le patron c’est idéal, pour moi, le principal c‘est que je puisse vivre. C’est tout."
"Continuer de travailler, ça m'oblige à me lever le matin, à me tenir, à me coiffer, à me maquiller, à m’habiller joliment... ce qui est quand même important."
"J’ai travaillé toute ma vie, mais j’ai fait l’erreur de travailler avec mon mari artisan, sans avoir de salaire ni avoir cotisé. Au bout de 18 ans de mariage, j’ai divorcé et je me suis retrouvée sans rien. J'ai dû tout reprendre à zéro..."
DAVID, 37 ans. Lorient.
David est père célibataire et professeur-remplaçant en histoire-géo, dans les collèges et lycées de Bretagne.
Un programme chargé et aléatoire.
David s'organise à la semaine : ses cours, son emploi du temps et ses revenus fluctuent sans arrêt, selon les personnes qu'il remplace, souvent au pied levé...
Impossible de se projeter dans l'avenir.
Quand il a couché ses enfants et préparé ses cours du lendemain, il révise son concours pour être titularisé.
Le seul moyen pour obtenir un poste fixe.
"J’ai passé une maîtrise puis un DEA d’histoire, mais n’ayant pas trouvé de financement pour ma thèse j’ai commencé à faire des remplacements dans l’enseignement privé."
"J'ai aussi travaillé comme éducateur spécialisé pendant huit ans."
"En fait, dans ma situation, on ne sait jamais de quoi demain va être fait. Il peut y avoir des contrats de 15 jours, d'un mois ou deux, du mi-temps, du trois-quarts de temps, du plein temps. Il n'y a aucune régularité."
"La base d’un plein temps, c’est 1200-1250 euros nets. Donc, un mi-temps, c'est simple : 650 euros. On ignore quelle classe on va avoir, de la 6e à la terminale, et même quelle matière on va devoir enseigner, français ou histoire-géo."
"Avec les enfants, je n’ai pas de souci au niveau vêtements, nourriture, logement. Par contre, il est pratiquement impossible de faire des projets."
"Voilà comment cela se passe : on me prévient la veille pour le lendemain « Vous pouvez commencer demain à telle heure à tel endroit ?». J’adapte mes cours, en les préparant au jour le jour. Un professeur titulaire sait toujours quelle classe il aura à la rentrée, et peut anticiper, moi non."
"Par rapport au cours que j'enseigne, je fais tout mon possible pour ne pas être trop à la rue. La difficulté principale est que le seul moment où je peux les préparer c’est une fois la journée terminée : après ma journée de prof et après ma journée de papa ... donc pas avant 22h ..."
"Pour les vacances, au niveau financier je ne sais jamais précisément ce que je vais avoir, donc là aussi je m’adapte. Je choisis des vacances simples dans des campings pas trop luxueux, et j’essaie de trouver des combines en partageant l’emplacement avec des amis."
"Mais si la voiture tombe en panne en juillet, avec des réparations qui coûtent cher… finies les vacances!"
HEINIA, 62 ans. Paris.
Heinia est retraitée d’origine tunisienne.
Sa carrière de cantinière ne lui vaut aujourd'hui qu’une toute petite pension.
Elle qui couvre à peine ses charges de location.
Pour tenter d'améliorer son ordinaire, elle glane la nourriture jetée par les supermarchés, sur les trottoirs loin de son quartier.
Régulièrement elle s'installe du côté des biffins de la porte Montmartre, pour vendre la nourriture qu’elle a trouvé dans les poubelles...
"J’étais jeune mariée quand je suis arrivée en France en 76. Mes enfants sont tous nés en France. Finalement j'ai divorcé. J’ai travaillé toute ma vie...cantinière dans des écoles et femme de ménage dans des bureaux. Toute ma vie. Toute la journée. Et même souvent samedi et dimanche."
"Tous mes emplois ont été déclarés. J’ai toutes mes fiches de paie. Comment expliquer qu'après une vie de travail et après avoir élevé mes cinq enfants, je ne touche que 480 euros de retraite et que je doive payer 462 de loyer ?"
"Le matin de bonne heure, je fouille les poubelles. C’est comme ça que je vis. Je paie mon loyer et il me reste 18 euros... Alors je fais quoi ? Je fouille les poubelles. C’est obligé. Il n’y a pas d’autre solution."
"Tout ce que je ramasse est périmé, mais il faut que je le mange ! ou bien je vais crever. Tous les jours, je ramasse ce que je trouve: légumes, viande, oranges, bananes."
"Une vie comme celle là c'est invivable, alors forcément, je pleure ...! Mais après j’ai mal à la tête... Alors je me dis Heinia arrête ça ne sert à rien."
"Avoir une retraite il paraît que c'est fait pour se promener, pour aller à la plage, pour faire plein de choses qu'on a pas eu l'occasion de faire avant, mais moi ce que je touche, je ne le mets que dans mon loyer."
"L’hiver je n’ai pas de chauffage, pas d’eau chaude, rien du tout. Une seule lampe et le frigo. Même pas de gaz pour faire la cuisine. J’ai une petite radio. Pas de télévision."
"Les gens me disent: «Tu as vu hier le film à la télévision?» Je demande : «Quel film ?.» Ils me racontent et finalement je réponds toujours: «Ah oui, je l’ai vu ! Je l’ai vu, mais j’ai changé de chaîne.» Si je dis que je n’ai pas de télé, j'ai peur qu'ils se moquent de moi."
MOUSSA, 28 ans. Saint Denis.
Après avoir traversé l’Afrique et être entré clandestinement en Europe par les hauts grillages barbellés de Melilla, Moussa a vite rejoint la France dans l’espoir d’intégrer la Légion Etrangère.
Recalé, il est monté à Paris pour chercher du travail et commencer sa nouvelle vie.
L'eldorado français s'est vite trouvé être un mirage.
Moussa travaille depuis 3 ans quatre nuits et deux jours par semaine dans un restaurant des beaux quartiers parisiens. Plonge le jour, dans les arrières cuisines et ménage la nuit.
Il a pu se faire embaucher en louant les papiers d’une personne qui touche son Smic et lui retient 250 euros de commission. Le reste lui est reversé en liquide.
Son patron sait bien sûr qu’il n’a pas de papiers, mais il se protège en prétendant l’employer légalement..
Il peut ainsi profiter de lui : corvéable à merci, sans heures supplémentaires payées, sans compensations ni majorations pour les horaires de nuit, Moussa s’estime chanceux d’avoir trouvé cet emploi.
De toute façon, il sait que sa situation ne lui permet pas de se plaindre et que sortir de l’anonymat entraînerait inéluctablement son licenciement.